Echec d’un pion Une couche d'ébène pour tapis,
Echec d’un pion
Une couche d'ébène pour tapis, les cases gisent devant moi
Tant de pièces de bois se proposent à mon ombre, si blanche, difficile choix
Tour à tour, elles s’écartent de frayeur d’être adoptées par mon âme
La cavalerie se défile, je ne peux même pas devenir fou, amalgame
Alors me reste le pion, anonyme, première ligne, courageux
On m’a dit que je devais atteindre, sans escale, ce roi, le ténébreux
Mais moi je ne vois qu’elle, si belle et si forte, Reine de l’espoir
Petit que je suis, comment la toucher ? Effleurement d’un soir
Je me rapproche d’elle, détournement de jeu, elle ne m’a pas encore vu
Encore quelques pas pour la frôler, elle contemple mon maître, inconnu
Je pourrais me transformer sur la ligne opposée, mais je préfère rester
le même
Sans nom, sans prétention, n’ayant le droit d’avancer que d’un huitième
Enfin ! Ses pupilles royales se fixent sur moi, je reste blanc, en
un éclair elle me dévore
Désormais je n’existe plus, éjecté sans détour, ma mort fut si douce,
sans remords